Les différentes étapes de fabrication du cuir


cuir fabrication

L'attrait pour le cuir remonte aux temps anciens. Les humains enduisaient les peaux d'animaux de gras pour les préserver. Au fil des années, les tendances ont évolué, mais le cuir continue de séduire.

C'est un matériau très résistant dont l'utilité ne se dément pas. Chaussures, sacs à main, paire de gants ou encore manteaux : on retrouve le cuir partout dans notre garde-robe. Cependant, avant de devenir des vêtements pleins de caractère, le cuir doit subir certains traitements et protocoles précis. 

Comment est-il transformé ? Dans les lignes qui suivent nous vous expliquons les différentes étapes de fabrication du cuir et leurs spécificités.

Provenance du cuir

Bien souvent, le cuir provient de la peau des bovins de boucherie. Les tanneries et les fabriques reçoivent chaque semaine des milliers de peaux venues tout droit des abattoirs. Les espèces principalement utilisées pour confectionner le cuir sont donc les animaux d'élevage tels que les vaches, les chevaux, les agneaux, les chèvres ou encore les cochons.

L'industrie alimentaire joue un rôle crucial dans la fabrication du cuir. Sans tannage, les peaux seraient gaspillées. Les convertir en cuir est donc une forme de recyclage.

Étonnamment, on extrait parfois le cuir des peaux de certaines espèces exotiques. Parmi celles-ci, on peut citer les serpents, les buffles, les bisons, et même les crocodiles ! Toutefois, l'abattage des espèces protégées est régulé et limité par quotas. Il ne peut se faire que dans des fermes d'élevage destinées spécialement à cet effet.

Par ailleurs, ce type de peau est beaucoup plus onéreux en raison de sa rareté sur le marché. Leur prix atteint parfois plusieurs milliers d'euros !

La rivière du cuir

a) Le retaillage du cuir

Lorsque les tanneries reçoivent les peaux animales, la fabrication du cuir a déjà débuté. Chaque pièce a été retaillée. Cela signifie qu'un premier travail de découpage a été réalisé par le personnel des abattoirs.

En effet, les peaux ont été façonnées grossièrement de sorte qu'elles soient plus ou moins rectangulaires. La peau des pattes et des oreilles, jugée inutile, est enlevée.

cuir animal

b) Le nettoyage du cuir : l'étape du reverdissage

Les peaux doivent être nettoyées avant d'être travaillées. Elles proviennent en effet d'ateliers souvent non destinés à la fabrication de vêtements et sont, par conséquent, couvertes de saletés et de microbes quand elles arrivent à la tannerie.

Il faut donc les désinfecter avant que le mécanisme de putréfaction ne s'enclenche sous l'effet des bactéries. Pour ce faire, les tanneurs utilisent une solution antiseptique très puissante qui tue les micro-organismes présents à la surface des peaux.

c) L'épilage

Le travail d'épilage doit être effectué par les ouvriers de la tannerie. Il consiste à couper chaque tissu animal en deux. En premier lieu, la peau est drapée sur un chevalet de sciage. Elle est ensuite marquée d'un code d'identification, puis divisée en son centre.

L'objectif de cette étape est de faciliter la manipulation des peaux. Effectivement, deux pièces de petite taille sont bien plus pratiques qu'une grande !

Après ce processus chronophage mais nécessaire, les ouvriers chargent la cargaison dans une bétonnière modifiée afin d'épiler les tissus animaux. Pour fabriquer du cuir de bonne qualité, il faut arracher chaque poil minutieusement. Néanmoins, il est inconcevable de tout effectuer à la main !

Ainsi, la bétonnière est remplie d'eau de façon à ce que les ouvriers y ajoutent une combinaison de sulfhydrate de sodium et de chaux. La réaction chimique permet aux poils de ne plus adhérer à la peau et de s'en libérer. On dit alors que les peaux sont mises à blanc.

d) L'échardage du cuir

L'échardage consiste à éliminer les derniers déchets pouvant éventuellement être présents sous la peau. En effet, il faut toujours garder en tête que les peaux sont destinées à la mode vestimentaire. Aucun résidu ne doit donc rester attaché au derme.

Autrement, le cuir finirait tôt ou tard par pourrir, ce qui ne peut être toléré dans le marché de la maroquinerie !

cuir brut

e) Le déchaulage

Il s'agit ici d'une étape peu connue mais pourtant cruciale dans la fabrication du cuir. Le déchaulage consiste à rincer les peaux pour les débarrasser de la chaux et des produits alcalins qu'elles contiennent. Eh oui, il ne faut pas oublier que le cuir est avant tout réputé pour son origine naturelle !

Ainsi, les peaux sont plongées dans une solution aqueuse d'acides et de sels. Une réaction chimique s'ensuit, entraînant la purification de la matière.

f) Le confitage

Le matériau est désormais prêt à être assoupli : c'est tout l'intérêt du confitage. Certaines fibres constituant les peaux sont rigides. Il est donc nécessaire de les briser à l'aide d'enzymes, qui sont en fait des substances chimiques.

Aujourd'hui, les enzymes utilisées sont artificielles mais il faut savoir qu'on se servait anciennement de tissus pancréatiques qu'on broyait pour en libérer les molécules actives.

Chez certains tanneurs artisanaux, le confitage s'effectue grâce à des excréments riches en acides (fientes d'oiseaux, crottes de chiens, crottins de chevaux...) qui assouplissent tout aussi bien les fibres solides. Ce dernier procédé est cependant moins répandu, et plus dégoûtant !

g) Le dégraissage

La rivière du cuir touche à sa fin. La dernière étape avant le tannage consiste à éliminer les résidus de gras restants. Il est important que les peaux soient impeccables pour les tanner facilement. Ainsi, les artisans utilisent souvent des scies, des couteaux et des râpes pour améliorer l'apparence des peaux.

Le tannage du cuir

Pour tanner les peaux, deux méthodes sont couramment employées :

-le tannage minéral : très répandu et rapide
-le tannage végétal : moins connu et très lent.

cuir artisanal

a) Le tannage minéral du cuir

À ce niveau, les peaux sont encore dégradables et ne sont pas suffisamment résistantes. Il faut impérativement les rendre imputrescibles. Pour ce faire, on réalise ce qu'on appelle l'étape du tannage.

Premièrement, on plonge les peaux dans de l'acide pour les préparer à absorber les tanins qui sont des sels de tannage. Elles sont ensuite placées dans un foulon - une machine ressemblant à un grand tonneau - doté de pointes pour éviter qu'elles ne s'emmêlent pendant le processus.

En adhérant aux fibres des peaux, les sels leur apportent une couleur bleue. Dès lors que cette étape est réalisée, les peaux sont devenues des cuirs. Elles reprennent suite progressivement leur couleur initiale et les artisans tanneurs peuvent poursuivre leur travail.

Le cuir fabriqué est alors résistant à l'eau, à la chaleur ainsi qu'à l'abrasion. Sa souplesse et sa fermeté sont plus ou moins importantes en fonction du tannage réalisé.

Les peaux tannées sont ensuite insérées dans une autre machine qui, cette fois, les tranche en couches minces. L'appareil découpe le cuir du côté chair à une épaisseur uniforme. Les morceaux découpés ne seront pas perdus : ils deviendront par la suite du suède de cuir. Ainsi, aucun fragment de peau animale n'est gaspillé.

Par la suite, chaque morceau de cuir est vérifié à l'aide d'une jauge afin de s'assurer que l'épaisseur est partout égale. Une fois cela fait, les différentes parties du cuir retournent dans les cylindres de bois pour un second tannage.

Cette fois-ci on ajoute une solution d'extraits végétaux, de l'acide de chêne, de l'eau, des produits de teinture et un revêtement qui rendra le cuir davantage imperméable.

Une fois sèche, la solution adhère au cuir, lui donnant une teinte brunâtre. Ce tannage est moins violent que le précédent et il adoucit la matière.

b) Le tannage végétal

Pour ce type de tannage, les tanins utilisés sont issus des matières végétales (écorces des arbres, feuilles, racines, pépins, sève...). En fonction du résultat souhaité (couleurs, texture...) on optera pour différents arbres et différentes plantes. Les acacias, les mimosas, les chênes ou encore les châtaigniers sont habituellement exploités pour ce travail.

Le choix de ces espèces végétales est loin d'être anodin. En effet, il a été prouvé que les tanins y sont présents dans une concentration élevée. Une fois ces substances obtenues, le procédé reste identique à celui du tannage minéral.

Cependant, étant moins efficaces, les tanins naturels prendront davantage de temps à transformer la peau en cuir. D'ailleurs, le tannage végétal durait traditionnellement plusieurs années ! De nos jours, avec les technologies et les progrès de la science, les délais ont été considérablement réduits : comptez 24 à 48 heures de transformation !

À la suite des scandales liés à la toxicité des tanins minéraux (chrome), le tannage végétal gagne en popularité. Cette méthode entièrement naturelle ne présente aucun danger pour la santé. Des études ont même prouvé que les sèves organiques pouvaient avoir des bienfaits notre épiderme !

tannage cuir

Le séchage du cuir

a) Le premier séchage mécanique

À la suite des processus précédents, le cuir est imbibé d'eau. Les peaux tannées sont alors essorées à la presse ou à l'aide de cylindre de pression. C'est donc de cette manière que l'eau et les liquides contenus sont extraits.

b) Séchage par mise au vent

Il faut maintenant procéder à la déshydratation du cuir. Attention toutefois à ne pas assécher la matière !

Les tanneurs enduisent donc les peaux tannées d'un mélange d'amidon et d'eau. C'est une solution adhésive qui permet de coller les peaux sur de grandes vitres qui en sont également enduites. Étendre les différentes pièces de cuir sur un tel support est une façon de les faire sécher à plat et à l'air libre.

Cette étape est souvent réalisée plusieurs fois d'affilée. Entre les différents séchages, les vitres sont nettoyées et un système de vaporisation les enduit à nouveau d'adhésif. Cette méthode permet de sécher les peaux tannées sans qu'elles ne rétrécissent. Cela évite également que les bords ne s'enroulent.

Il s'agit d'une technique fastidieuse et plutôt longue (en moyenne 24 heures) mais qui est pourtant indispensable.

c) Séchage par évaporation

Certains tanneurs recommandent le séchage par évaporation. Plus violente, cette méthode s'effectue sur une échelle de temps réduite : prévoyez 10 à 12 heures pour un séchage de ce type ! Les ouvriers-tanneurs mettent les peaux humides dans des grandes étuves dans lequel de l'air chaud circule, ce qui détache et éloigne les molécules d'eau encore présentes.

On notera que la température à l'intérieur de l'étuve est à ajuster selon les attentes de notre clientèle. Effectivement, la chaleur peut avoir un impact - positif ou négatif - sur la souplesse de la matière, par exemple.

Bien que très efficace, cette méthode présente donc quelques risques. En effet, il suffit d'un mauvais réglage de température pour rendre une peau inutilisable. Une chaleur trop importante peut éventuellement détériorer les fibres voire les déchirer, ce qui rend la peau tout entière impropre à la conception de maroquinerie.

Ainsi, on conseille fortement les débutants-tanneurs de se tourner vers le séchage à l'air libre qui, selon nous, est plus simple et approprié.

Les finitions

Les peaux sont maintenant entièrement sèches et on peut désormais commencer à travailler leur aspect esthétique.

a) Égalisation du cuir

Il faut impérativement ajuster l'épaisseur des peaux pour qu'elles soient toutes identiques. Ici, le but est tout simplement de faciliter le travail des artisans qui viendront par la suite convertir ces peaux en de véritables vêtements de mode.

On racle et on rabote donc le cuir pour l'égaliser, c'est ce qu'on appelle le dérayage.

b) Palissonnage du cuir

Le cuir doit également être assoupli. Autrement, il serait impossible de confectionner des vêtements souples. On utilise donc une machine à palissonner qui étend le cuir sans pour autant le fragiliser. Cet appareil est équipé d'un bras animé effectuant un mouvement alternatif qui pince la peau entre deux mâchoires et l'étire au cours de ce mouvement.

c) Coloration du cuir

Après le dérayage et le palissonnage, on utilise un système de pistolets à peinture rotatif pour vaporiser le cuir et rehausser sa couleur. Les coloris sont bien entendu variables. C'est une question de goût ! En maroquinerie, tout est possible : on peut pousser le cuir dans des teintes très jolies et originales.

C'est d'ailleurs le cas de ces chaussures colorées pour femme qui disposent d'une multitude de couleurs vives et printanières. Précisons toutefois que les teintures sont facultatives : les peaux peuvent très bien rester brunâtre pour un look plus authentique.

chaussures colorées originales

Si vous préférez le style naturel, à l'image de ces chaussures en cuir marron, les peaux brutes et exotiques sont faites pour vous.

Pour les cuirs issus d'un tannage au chrome, on utilise des colorants acides qui incrustent le cuir profondément. Celles qui ont été tannées de façon végétale sont quant à elles teintes avec des colorants basiques. On trempe délicatement les peaux dans des bains de ces colorants pour qu'elles s'imprègnent de leurs teintes définitives.

d) Grainage

Les peaux sont maintenant prêtes à être travaillées minutieusement. On détermine les reliefs et les motifs à la surface du cuir : c'est l'étape du grainage.

Régulier ou irrégulier, large ou épais, lisse ou rugueux, le grain du cuir peut prendre différentes formes en fonction de la demande. Le grainage est essentiel car, en maroquinerie, les visuels sont très importants. Vous l'aurez donc compris, cette étape apportera une valeur supplémentaire au cuir.

Pourtant, certains cuirs de très haute qualité se dispensent de ce travail. Il existe en effet des animaux élevés dans des conditions très strictes qui bénéficient d'un grain de peau naturellement parfait ! Lorsqu'un vêtement présente un tel grain, les prix peuvent vite s'envoler. Certaines pièces de mode atteignent parfois des dizaines de milliers d'euros !

e) Lissage

Une machine à lisser frotte un cylindre de verre sur le cuir de façon répétée et précise. L'action abrasive le polit. Ce verre est très résistant : on peut donc l'utiliser pour ce procédé vigoureux sans qu'il ne se brise.

Enfin, d'énormes rouleaux chauffants éliminent les faux plis. Ce sont ces grands cylindres de cuivre qui rendent le cuir aussi brillant et luisant.

f) Impression

Cette étape permet d'imprimer diverses fantaisies sur le cuir (effet crocodile, python, bison...). D'immenses plaques pressantes agissent comme des moules sur le cuir et lui façonnent son nouveau grain artificiel. Encore une fois, cette étape est purement esthétique même si, bien souvent, les imitations de grains rares sont appréciées du grand public.

Ce sac à bandoulière d'aspect crocodile est l'exemple parfait des créations que l'on peut réaliser en maîtrisant l'étape d'impression. Le look écaillé reproduit les formes et le grain de la jolie peau du crocodile !

sac bandoulière croco

g) Retaillage final

La fabrication du cuir est sur le point de s'achever. On façonne les contours des peaux pour éliminer les éventuelles imperfections. Suite à cela, il ne reste plus qu'à mesurer la longueur, la largeur et l'épaisseur de chacune des pièces. Puis, on les place dans des conteneurs et finalement, on les expédie dans les usines de fabrication des vêtements.

Au-delà de la fabrication du cuir

Il ne reste plus qu'à finaliser l'apparence du cuir pour lui faire prendre la forme d'un vêtement ou d'un accessoire de mode. On fait donc appel à des professionnels du design. Ils manieront le cuir avec le savoir-faire adéquat et le découperont à nouveau en plusieurs morceaux.

Ils créeront ainsi, à l'aide de matériaux complémentaires, les habits fort prisés que vous portez au quotidien. Vous connaissez désormais tout le processus pour transformer une simple peau de bovin en un sac à main en cuir ou autre objet de maroquinerie. La fabrication du cuir est lente et fastidieuse mais le résultat final en vaut la peine !


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